Son hip-hop très orienté jazz a défini le son new-yorkais des années 90.
39
Au terme des quatre titres de son premier album Illmatic (1994), Nas déclare à son public : « The world is yours » [« Le monde est à vous »]. Mais il faisait erreur : comme la critique rap le lui a fait comprendre, le monde appartenait en fait à Nas lui-même, jeune prodige du rap new-yorkais issu des logements sociaux de Queensbridge, riches en talents. Et si Illmatic a été immédiatement reconnu comme un joyau par les spécialistes en la matière, son impact sur le hip-hop en général n’a été pleinement apprécié que dans les années qui ont suivi.
« Il y a des enchaînements de rimes que la plupart des rappeurs ne peuvent pas faire aujourd’hui. »
Nas introduit des tournures de phrases et des angles inédits dans l’art du rap : « My mic check is life or death, breathing a sniper's breath/I exhale the yellow smoke of buddha through righteous steps » [« Mon test de micro est une question de vie ou de mort, j’expire le souffle d’un sniper/J’exhale la fumée jaune du bouddha à travers des pas mesurés »], crache-t-il sur « It Ain't Hard to Tell ». Le son d’Illmatic, riche en samples, est le fruit d’une dream team composée de DJ Premier, Large Professor, Q-Tip, Pete Rock et L.E.S., une formation qui a contribué à rompre avec la longue tradition des albums hip-hop réalisés par un seul producteur. Ensemble, ils présentent une vision unifiée du hip-hop sombre, guttural et jazzy qui allait définir le son new-yorkais des années 1990.